Ma fille Bernadette a changé d’école cette année. Pas parce qu’elle s’y sentait maltraitée. Pas parce qu’on visait un niveau scolaire plus élevé.
Mais parce qu’il n’y avait plus de mixité.
Une école sans langage commun
Dans son ancienne école, Bernadette était une anomalie : elle parlait français à la maison.
Et elle ne comprenait pas pourquoi ses copains/copines ne jouaient pas aux mêmes jeux, ne la comprenaient pas quand elle parlait.
Pourquoi elle passait autant de temps seule plutôt qu’avec les autres.
Parce que quand 90 % des élèves ont une autre langue maternelle, ce n’est plus de la « mixité », c’est une monoculture inversée.
On ne parle pas ici d’origine, mais de culture partagée. Et quand elle n’existe plus, l’école devient un lieu de gestion linguistique, pas de transmission.
L’avis du terrain
Et ce n’est pas uniquement moi qui l’ai ressenti. C’est aussi l’instituteur de Bernadette. En aparté, évidemment.
Trop risqué à dire à voix haute. Il a glissé un simple conseil : “Si vous pouvez la mettre ailleurs, faites-le.”
À 5 ans, le problème n’est pas l’apprentissage mais le développement du côté social.
Le vrai problème, c’est le silence
Ce que cette histoire révèle, ce n’est pas un « repli identitaire ». C’est l’impossibilité d’en parler sans passer pour un facho en puissance.
On a transformé un problème concret en sujet tabou. Résultat : les classes perdent de la diversité, les parents se taisent et les enfants trinquent.
Les enfants, forcément, jouent et créent du lien plus facilement avec une personne qui parle leur langue, qui a les mêmes habitudes (aucun rapport avec la ressemblance physique, ils n’y prêtent pas attention).
Je n’ai pas retiré ma fille d’une école pour “fuir” la diversité. J’ai simplement fait le choix qu’elle puisse avoir des copains/copines comme elle.
Et j’en ai marre qu’on présente cette lucidité comme de la peur.
Mixité : quand on veut dire tout, on ne dit plus rien
La mixité, ce n’est pas une affiche avec trois gamins aux couleurs coordonnées. C’est une rencontre d’univers, pas une juxtaposition.
Et pour que ça fonctionne, il faut un minimum de langage et de codes communs. Sinon, ce n’est plus de la mixité, cela force un repli culturel.
Bernadette n’avait pas besoin d’un choc des cultures. Elle avait besoin d’amis avec qui parler, jouer, se comprendre.
Mon job, ce n’est pas de sauver le système. C’est d’élever ma fille.
Je n’ai pas choisi l’école de Bernadette pour me rassurer, mais pour lui permettre d’apprendre.
Pas de discours militant. Pas de nostalgie. Juste une décision simple, concrète, responsable.
Si certains y voient du racisme, qu’ils viennent six mois dans cette école. Après, on reparle de mixité.